Cet article est une traduction de Why School Is Failing My Son de Jim Strickland, éducateur à Marysville, Etat de Washington. Il défend l’éducation démocratique non coercitive et centrée sur l’apprenant. Strickland traite régulièrement ce sujet sur le site Alternative to School.

L’une des réalisations les plus tristes de ma vie est de voir que l’institution dans laquelle j’ai mis mon temps, mon énergie et mes espoirs depuis 25 ans est un échec pour mon fils.

Owen a 14 ans et ça fait 2 ans qu’il ne va plus à l’école, depuis ses débuts au collège. Et étant donné que dans notre société l’école est le seul endroit légitime pour les jeunes, il s’est retrouvé avec peu d’options viables.

Pourquoi Owen ne va-t-il pas à l’école ? Parce que l’école n’est pas un bon endroit pour lui. Voilà pourquoi :

1. L’école crée inutilement une anxiété extrême pour Owen car tout ce qu’il fait est examiné et jugé. Il est constamment sous la pression de la compétition car ses efforts sont comparés à ceux de ses camarades. Cette compétition intense pour obtenir l’approbation des autres est un stress insupportable et lui enlève toute joie d’apprendre.

2. L’école force Owen à ignorer ses propres intérêts, passions et expériences pour qu’il se concentre sur un programme imposé qui n’a aucun sens pour lui. Quand il doit abandonner tout ce qui compte pour lui sur le palier de la salle de classe, celle-ci devient un lieu froid, dénaturé et sans vie.

3. L’école ne propose que peu d’opportunités de travail réel fait pour des raisons réelles. Owen n’est peut-être pas un fan de tâches ménagères, mais il comprend qu’on doit tous faire notre part pour que le ménage fonctionne. A l’école, presque tout le travail est artificiel, contraint, et réalisé pour des raisons hypothétiques qui n’inspirent pas la participation.

4. L’école ne met pas en relation Owen avec une variété de mentors adultes qui font des choses qui comptent. La culture de l’école est souvent dominée par une lutte de rang social entre les élèves, lutte qui semble tout droit sortie de “Sa Majesté des mouches”. C’est vrai, les bons professeurs peuvent être des mentors efficaces, mais avec des classes autant remplies et avec leur propre pression de délivrer un programme chargé, les professeurs ne peuvent pas faire de miracles.

5. L’école ne donne pas son mot à dire à Owen concernant les décisions qui affectent sa vie. Avoir notre vie contrôlée par quelqu’un d’autre est une violation de notre nature humaine et de notre dignité. L’expérience montre que les gens sont favorables aux choses qu’ils aident à créer. L’école ne permet pas ça à Owen.

Je pense qu’Owen s’en sortira. C’est un enfant intelligent, drôle, considéré, et qui a beaucoup de choses à apporter au monde. Mais c’est vraiment triste qu’il ne puisse pas être lui-même, avec sa fantastique personnalité, dans une école où il pourrait échanger avec des amis et des professeurs qui l’accepteraient tel qu’il est et qui encourageraient ses qualités.

J’ai un rêve… le rêve que l’école devienne un lieu où tous les enfants se sentent valorisés et acceptés pour qui ils sont, un lieu où ils sont inspirés par du travail réel fait pour des raisons réelles, un lieu où ils peuvent travailler avec des mentors adultes avec qui ils ont le temps de tisser de vraies relations, un lieu où ils apprennent l’art de la démocratie en ayant une voix dans les décisions qui les concernent, et un lieu où ils savent sans l’ombre d’un doute qu’ils sont chez eux. On peut y arriver.

Dans son oeuvre de référence Experience and Education, John Dewey a écrit : “A quoi bon absorber des quantités d’informations sur la géographie et l’histoire, ou gagner la capacité à lire et à écrire, si pour ce faire on perd sa propre âme et son appreciation des choses qui en valent la peine ?” Nous sommes en effet dans une bataille pour les âmes de nos enfants. L’école peut faire partie de la solution, ou bien du problème. A nous de choisir.